N’oublions pas nos racines - Idée de beauté intérieure # 16


C’était en 2012 que j’avais visite une exposition fort intéressant au Musée de Rietberg à Zurich. Il proposait, pour la première fois au monde, une exposition interculturelle sur le thème de la mystique. Quarante grandes figures mystiques illustraient ce phénomène religieux difficilement concevable : leur vie et leurs écrits démontrent de manière exemplaire la richesse et la diversité de leur expérience spirituelle. Les mystiques choisis sont issus des grandes communautés religieuses - hindouisme, bouddhisme, taoïsme, islam, judaïsme et christianisme - et, à eux tous, ils couvrent une période qui s'étend du Ve siècle av. J.-C. au XIXe siècle. Et c’est là que, tout à coup, quelque chose m’a frappé…

Il faut viser le haut du panier, the only way is up. Il faut monter en grade, il faut grimper l’échelle sociale. Il faut trouver la lumière, s’élever. Perdre ? Ok, mais garder la tête haute. Même les plantes poussent vers le haut. En haut, on est au soleil, le bas, c’est à fuir. Le ciel ? En haut, l’enfer en bas. « Pourquoi est c’est ainsi ? » je me suis posé la question. Pourquoi nous ne donnons pas, ou très peu, de valeur à ce qui est en bas ? La terre est lourde, elle nous retient, elle nous empêche d’être libre, de s’élever dans les aires. Mais la terre nous nourrit, nous fait vivre. Elle nous permet de nous ancrer, de nous enraciner, d’être réaliste et ne pas se perdre dans des rêves. Les profondeurs sont certes sombres, mais tellement riche...
Est-ce que c’est que dans les cultures patriarcales que l’esprit, l’éther, prime devant le matériel, la terre ? Notre père qui est aux cieux Et notre mère, la terre, cette vallée de larmes où il faudra vite monter sur les cimes pour être plus proche de Dieu ? Notre langue est truffée des références qui font la part belle à la hauteur. Ce qui me fait penser que, peut-être, c’est quand-même quelque chose de naturelle que le haut soit enviable. Mais pour qu’on lotus puisse fleurir il a besoin de planter ses racines dans la boue et un rosier porte bien plus de fleurs si on nourrit ses pieds avec du fumier.
Il me semble important pour la croissance de lever son regard, mais il est aussi important de gratter la terre, se salir les mains, de marcher pieds nus. Il est important, je le crois, de suivre un cheminement spirituel, mais il est aussi important de porter son regard vers le bas, de regarder la misère en face, d’accepter ses propres abimes, de s’engager pour son prochain et de soulager la souffrance là où on peut.
Je pense que finalement tout est une question d’équilibre. Il faut aussi savoir apprécier les plaisirs terrestres mais pas en devenir esclave. Et c’est pareil avec la lumière intellectuelle et spirituelle. On peut tout à fait poursuivre une quête, mais pas en devenir esclave non plus. Nous ne pouvons pas devenir des anges, nous ne pouvons voler trop près du soleil, Icare l’a bien essayé, nous sommes et le restons pour toute notre vie des êtres humains. Accepter cette condition humaine nous demande de ne jamais oublier l’équilibre, entre le haut et le bas. Le plus nous souhaitons élever notre esprit, le plus il nous faut ancrer les pieds, aller creuser dans les profondeurs pour faire pousser des racines qui nous stabilisent en cas de coup de vent et qui nous permettent de rester connecté au vivant, au réel. Être humain c’est trouver cet équilibre qui nous libère des extrêmes. Être centré, posé en soi, dans cette équi-libre si fragile qui nous permets d’avancer dans la vie. 
Vive l’automne qui nous enseigne le lâcher-prise et de retourner vers nos racines, vers le bas, le sombre, le lourd… pour puiser des forces, vitales. 
Sven Ahlborn
#beautymatters naturellement
(publié le 15 octobre 2019 sur ma page facebook)

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